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Résumé en Français

Comment dire merci à Eddie et Mary

C’est en libérant un petit village de Normandie que Edward Styffe est tué, c’est dans ce village que bien des années plus tard, son nom sera honoré par ses habitants…

C’est l’histoire d’une rencontre entre des petites histoires dans la grande Histoire, l’histoire retrouvée d’un soldat canadien mort à la libération de la Normandie en août 1944.

En 1999, à Maizières dans le Calvados, en Normandie, le conseil municipal décide de nommer les rues de la commune pour répondre aux besoins des facteurs et des livreurs. Jusque là, avec ses 450 habitants, Maizières, comme beaucoup d’autres villages, n’avait pas de noms, sauf ceux très anciens du cadastre Napoléon – réalisé à la plume et aux crayons de couleurs aux alentours de 1812 – et oubliés depuis longtemps.

Le conseil municipal a repris ces anciens noms inscrits dans le cadastre avec, pour certains d’entre eux, un charme des temps passés comme le chemin de la jeune fille, la rue Berthe, le chemin de la croix Nicolas, le chemin du bout à Capron, le chemin de la butte à Maurice, la rue de l’Ormelaie…

Reste à nommer la rue principale CD 91 et 131, entre Rouvres et Ernes.

Dans le bulletin d’informations municipales de novembre 1999, « Maizières Info » n°3, le maire, Marc Alexis, invite les habitants du village à participer au choix d’un nom qui serait « l’occasion d’affirmer une identité locale modelée par l’histoire et ouverte sur l’avenir ».

Des noms de maires ou de personnalités des années 1960-1980 sont proposés mais le conseil préfère ne pas les retenir car ils sont encore trop contemporains, donc sujets à polémique possible. Il faut donc poursuivre la recherche.

Lors du repas des Anciens de la commune en avril 2000, une petite enquête est menée  auprès des personnes présentes pour solliciter des souvenirs et répondre à la question : « Quel nom aimeriez-vous donner à la rue principale ? »

C’est Marcel Levernieux, adjoint au maire, qui va évoquer aussitôt un soldat canadien mort à la libération du village. Il raconte comment, à son retour de l’évacuation, il découvre avec son frère Bernard un monticule de terre avec un casque de l’armée canadienne posé dessus et comment ils décident de protéger cette sépulture des bêtes en divagation par des bouts de bois récupérés de la boulangerie de son père qui avait été bombardée. Puis c’est avec émotion qu’il se met à parler de cette journée d’octobre 1944 où il voit une jeep arriver avec trois Canadiens : le chauffeur, le frère et la femme du soldat abattu à l’entrée de Maizières. Ils venaient voir le lieu où il était mort et tenaient à remercier ceux qui avaient pris soin de sa tombe.

Les deux frères Levernieux les ont guidés et ils ont échangé ensemble… Le chauffeur les a pris en photo avec leurs parents.

Marcel avait 20 ans à l’époque mais en racontant ce souvenir 55 ans plus tard, il en est encore bouleversé par la douleur de cette femme qu’il rencontre pour la première fois : « Un petit bout de bonne femme, toute menue et brisée de chagrin, et son beau frère qui tentait en vain de la distraire de sa peine… Elle était mariée à ce soldat depuis seulement trois mois, elle avait l’air si gentille et elle était si triste ! Elle s’appelait Mary, et son mari Edward Styffe.»

Le soldat inconnu avait un nom et une famille.